CAPSULE TDAH

Mon coffre à outils TDAH - 3. La Psychoéducation et la médication

Cofffre à outils TDAH - 3

Auteure :

Dre Marie-Claude Garant

      Connaitre permet de comprendre, de placer les pièces du casse-tête de ta vie et d’y trouver une image, un sens. C’est un cheminement favorisant l’auto prise en charge c’est-à-dire devenir le capitaine de ton navire et être responsable du gouvernail de ta vie. Qu’est-ce qui est important à savoir sur le TDAH… tellement de choses intéressantes! Avec la recherche, on en connait de plus en plus sur le sujet.

     

      C’est un trouble neurobiologique avec une tendance héréditaire importante. On en retrouve de génération en génération dans les familles. Il y a un déséquilibre dans le fonctionnement de deux messagers chimiques du cerveau, la dopamine et la norépinéphrine.


      Le diagnostic est clinique, aucun test ne permet de le poser même les tests génétiques. L’évaluation cherche des symptômes de TDAH depuis toujours, en fait, avant l’âge de 12 ans, pour respecter les critères du DSM 5. C’est notre livre de référence  pour poser un diagnostic dans le domaine de la psychiatrie. C’est pourquoi, chez les adultes qui consultent, une partie des questionnaires s’adressent à un parent ou à quelqu’un qui a bien connu le patient à l’époque de son école primaire. Pour les enfants et les adolescents, cette section est complétée par leurs parents. Puis on évalue l’impact fonctionnel dans plusieurs sphères de vie : au travail, à l’école, au niveau interpersonnel, dans la famille, les aptitudes à la vie quotidienne, le concept de soi.  Pour poser un diagnostic de TDAH, les symptômes doivent déranger la personne dans son fonctionnement dans au moins deux domaines de sa vie . Et le but du traitement demeure d’améliorer cet aspect, le fonctionnement.

  Plusieurs mythes circulent sur le TDAH du genre : c’est une invention pour excuser la paresse, ce n’est pas une vraie maladie, ça disparait à l’adolescence, c’est bénin comme condition, les médicaments pour le TDAH prescrits à un jeune augmentent son risque de devenir drogué, et de nombreux autres. C’est important de distinguer le vrai du faux dans tout ça avec la psychoéducation.

          

Mythes ou vérité

      Le cerveau d’une personne avec un TDAH fonctionne différemment, des tests en imagerie cérébrale fonctionnelle le démontrent : si la tâche est intéressante, la zone d’attention située dans le cortex préfrontal  s’active aussi bien qu’une personne n’ayant pas de TDAH. La personne est alors «focus», elle donne toute son attention.  Si on lui demande maintenant d’exécuter une tâche ennuyante, longue ou difficile, comme préparer un rapport d’impôt ou faire un devoir de maths, cette zone est éteinte chez la personne avec un TDAH, contrairement à celle n’ayant pas de TDAH. D’autres zones secondaires s’allument. Avec un TDAH, si la tâche n’est pas intéressante, c’est comme faire le trajet Montréal-Québec par toutes les routes secondaires sans GPS ni carte au lieu de prendre l’autoroute : on se perd, on se retrouve, on couche en chemin, et on finira par se rendre en 3 jours… au lieu de 3 heures!  Mais à quel prix, n’est-ce pas. En résumé, avec un TDAH : pas d’intérêt, pas d’attention.

    

      Quoi d’autre… ah oui, la médication. Et bien non, la médication chez un jeune avec un TDAH n’augmente pas son risque de consommer de la drogue plus tard.  En fait, elle le diminue car avoir confiance en soi, atteindre son potentiel et vivre des succès est une protection contre la toxicomanie.

Guide médicaments pour le TDAH

Il y a deux classes de psychostimulants :  la famille du méthylphénidate (ritalin) avec le Concerta et le Biphentin comme longues actions et la famille de la déxédrine (amphétamines) avec le Vyvanse  et l’Adderall XR comme longues action. Deux autres classes existent, de non stimulants : le Strattera (atomoxétine) et l’Intuniv XR (guanfacine XR), moins efficaces pour le TDAH mais utiles dans certains cas, seuls ou en combinaison avec un psychostimulant. Et ce qu’on stimule , c’est un FREIN au niveau cérébral, qui est déficient chez les personnes avec un TDAH. On souhaite mettre un frein à la bougeotte des idées, à l’hyperactivité physique, donner un temps de réflexion avant de répondre ou de faire quelque chose impulsivement. Il y a bien sûr des effets secondaires possibles, que je divise en deux : les fréquents, bénins et souvent temporaires, et ceux plus sérieux mais rares. Lorsqu’un médecin ou un autre professionnel de la santé  prescrit un médicament, qu’on traite un diabète ou un TDAH, ces informations détaillées font partie de la prescription. Le pharmacien est un guide précieux dans ce domaine.   


      Et ce n’est pas tout…. Il y a toutes les préoccupations et les inquiétudes des patients TDAH de tout âge face à la médication, celles de leurs parents, de leurs conjoint(e)s à adresser, ainsi que celles qui ne sont pas avouées et seront découvertes avec le temps dans une relation de confiance.

     

      Est-ce que tout le monde répondra à la médication? Comme dans n’importe quel domaine de la médecine, non. Selon les sources, environ 70 à 90% des patients répondront à une médication, à un degré variable.  UN MÉDICAMENT NE CHANGE PAS UN COMPORTEMENT : principe de base. Soyons réalistes. Si je traite un diabète avec un, ou deux, ou trois médicaments, le patient est toujours le capitaine de son navire : il décide ce qu’il mange, s’il s’implique ou pas dans un programme d’exercice, s’il cesse de fumer ou pas …  L’équipe de professionnels et son réseau de soutien peuvent l’encourager et le soutenir, pas faire les choses à sa place. En TDAH, c’est pareil. 

     

      PANDA est une ressource communautaire inestimable pour les parents d’enfants TDAH et les adultes ayant un TDAH. D’autres ressources communautaires similaires existent selon les régions du Québec avec un nom différent mais une mission commune. Les associations communautaires travaillent à sensibiliser la population et les milieux de l’enseignement à la réalité du TDAH, informer, soutenir, normaliser et valider les difficultés par le biais d’interventions de groupe variées, à un prix modique.   Leur site internet permet de trouver celui près de chez-vous. PANDA  offre un groupe PEDAP, Parents d’Enfants  Défiant l’Autorité Parentale, adressant la problématique souvent associée au TDAH chez les enfants, le Trouble d’Opposition avec ou sans Provocation. Les CLSC prennent la relève s’il n’existe pas de PANDA ou autre ressource communautaire dans votre région, comme à Laval et à Montréal.

      Il y a tant à dire sur le TDAH… Heureusement, des sites internet  fiables en français et en anglais existent pour se renseigner. Je présente particulièrement TDAH vip, un bijou monté par Dr Annick Vincent, psychiatre et sommité en TDAH,  et son équipe FOCUS de Québec. Constitué de courts vidéos discutant de différents sujets comme le TDAH et l’école, le TDAH et comportements d’opposition, le TDAH et les émotions chez les jeunes , et autres. C’est un menu à la carte pour des informations plus spécifiques.

De nombreux livres sont disponibles sur le sujet du TDAH et de ses «amis», ses comorbidités : «Mon cerveau a  besoin de lunettes»  et «Mon cerveau a encore besoin de lunettes», écrits par le Dr Vincent pour les enfants et les adultes, «Ces enfants qui nous en font voir de toutes les couleurs, le TOP», écrit par le Dr Benoit Hammarenger, «La boîte à outils TDAH» et «Le TDAH expliqué aux enfants» écrits par Ariane Hébert, psychologue,  «Les enfants volcans» et  «Grrr!!! Comment surmonter ta colère» publiés par les Éditions midi trente,  «Champion de la concentration» et de multiples autres.

      

      Des outils concrets comme Time Timer, Tangle, minuterie, agenda électronique, logiciel correcteur, dictionnaire électronique, smart pen,  balle de tension, animal lourd,  coussin Disc-O-sit,  bande élastique du genre Thera Band, ballon d’exercice pour s’asseoir, coquilles antibruit,  vélo-pupitre et autres sont aussi suggérés pour soutenir et encadrer selon les besoins et l’âge du patient.


      Ouf, il y en a des sujets à discuter!  Et encore, je n’ai pas la prétention d’avoir tout nommé. Cette psychoéducation se fait un peu à la fois, au fil des rencontres et qu’une confiance se construit.